Publicités et Mot d'Ordre
Sourire Suivant (Publicité)
Cette le formule utilisé dans une publicité de métro pour un supermarché me fait trembler de peur et dégoût. Un sentiment qui s’accroît chaque fois que je la vois. Pour moi la notion de sourire évoque quelque chose de sournois et sinistre. Voyons le ‘sous-rire’ à l’opposé du ‘rire’ pur et dur qui nous fait penser à la joie, la spontanéité, la liberté ou même l’hystérie.
En choisissant le sourire, les créateurs de la pub démontrent qu’ils sont conscients que les supermarchés ne sont pas porteurs de joie. Effectivement la deuxième partie de la formule donne à ce sourire un coté expéditif comme si le supermarché était une machine à sourires.
Le cauchemar qui me travaille l’intérieur c’est de voir un tapis roulant de gens avec des sourires identikit et des sacs d’achats ballant des mains à la sortie d’un un supermarché.
Reussir son Bébé (Publicité)
Cette formule apparaît juste à coté d’une photo d'un bébé qui affiche une expression qui n’a rien d’un rire ni même un sourire. C’est plutôt une expression d’effroi mêlé à un dégoût naissant.
Réussir son bébé, certes... et si on le rate. Est-ce que c’est comme un soufflé au citron ? Peut-être s’était-on trompé et on avait confondu le sucre et le sel ?
Réussir son bébé... c’est plus une épreuve comme le BAC S ou ES, mais si on perd des points, si nos coefficients sont trop faibles est-ce qu’on peut les rattraper ?
De la notion d’épreuve on passe rapidement à l’éprouvette, des laboratoires, des chercheurs regardant à travers un microscope cherchant le meilleur résultat.
Racaille (Mot d’Ordre)
Le ministre de l’intérieur a employé ce mot, les médias s’en sont emparés et maintenant tout le monde l’inclut dans ses conversations journalières.
Il y a quelque temps un documentaire fut diffusé sur un linguiste juif victime de l’Holocauste. Entre 1933 et jusqu’a sa mort il traça le développement du langage du nazisme avec une froideur et une objectivité implacable. Dans ses essais il parlait de comment des mots tels que ‘haine’, ‘hystérie’ et ‘paranoïa’ furent revêtus de connotations positives.
Le ministre de l’intérieur a réintroduit le mot 'racaille' dans le domaine public par des voies de communication officielles.
Je suis convaincu que le nazisme n’est pas arrivé au pouvoir que par l’intimidation et la violence mais aussi par l’introduction d’un langage textuel et visuel (logos, insignes...) ciblé et calculé, au delà d'un discours et de la rhétorique de surface. Ce langage textuel (des mots et des courtes expressions) a facilité le passage de l’idée à l’acte.
La réintroduction du mot 'racaille' s'inscrit dans l'approche décrite ci-dessus. C'est comme un virus du langage. Après l'innoculation médiatique et son heure de gloire dans les conversations après le diner, il rentre dans une phase d'hibernation...mais jusqu'à quand?
Le jour quand le mot ‘racaille’ ne sera plus employé entre guillemets comme il l’est maintenant, j’espère que je serais très loin de la France.
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