Clubbing Overkill
7 – 9th January 2005 (Triptyque, Paris)
Fiasco System: Dexter, Alden Tyrell, La Veuve Electro, Eva Revox
Cela n’était pas censé arriver. J’avais oublié complètement que les soirées Fiasco System et Chiennes Hi Fi se dérouleraient le même week-end. Il n’était pas question que j’en rate une. J’allais aux deux soirées et rien ne me retiendrait.
Fiasco System est organisé par le deejay masqué : Eva Revox (cliquez ici pour la chronique sur un autre Fiasco System avec Modeselektor et al). Cette fois c’était le tour à Dexter, Alden Tyrell et La Veuve Electro de faire sortir le jus des machines. Eva Revox assura un warm up abrasif avec une electro cisaillé (mention notoire pour « Paris Hilton » de Mu). La foule était assez typique du Triptyque, un peu trop de fashionistas vacants aux crêtes Toni & Guy et chaussures Diesel. Tout de même la musique compensait généreusement.
Des claviers et machines, une partie recouverte par un voile blanc, monopolisaient la scène. Les roses attachés au microphone paraissaient pousser naturellement au fond de cette boîte parisienne. Une ombre funeste sortait de derrière l’écran de projection. C’était la Veuve Electro. Sa musique était une goth-tech jouissive mais au fond hermétique. Ses paroles noyées par des effets survolaient des nappes synthétiques acidulés et effervescentes comme des esprits damnés. Les seules fois où il se fit comprendre furent quand il demanda si quelqu’un voulait « vérifier son paquet » et pour « octroyer son cul ». Avec de tels propos ce n’est pas surprenant qu’il ne perde pas de temps pour se mettre à poil.
Les machines recouvertes étaient reservés pour les membres du clan de Clone, le label d’electro(disco) polaire. Alden Tyrell décolla avec des séquences de synthés imparables déferlant sur des rythmes italodisco vintage (8-beat hi hats galore). Même si les basses ont crachoté un peu le set d'Alden Tyrell reste l’apogée de la soirée. Love Explosion avec ses nappes mégalos, et synthés de bolide reste toujours une bombe. Incroyable ! il l’a écrite comme une blague à I-F (fondateur de Clone). L’autre bombe était sans doute son remix capital de Radio Jolly (au sein de la Parallax Corp.) Robo-disco à souhait, tout le monde avait envie de silicone, de néon et de vocoder. Il y avait aussi ‘Disco Lunar’, ‘Knockers et ‘Welcome to Rimimi’ qui se fondent maintenant dans une seule et inéluctable image. Celle d’être conduit très vite par une femme mystérieuse dans un bolide GT sillonnant une autoroute vide, au milieu de la nuit. La lumière des lampadaires glissant par dessus le pare brises avec une aisance nacrée. Il faut dire que cette puissante image glamour est évoquée par un mec avec des pantalons baggy, une barbe et des dreads à couper le souffle. Il était accompagné de son égérie vocoderisée et Dexter qui donnait un coup de main.
Dexter (Klakson), avec seulement un i-book et un clavier, exécuta l’une des meilleures performances laptop de quelques temps et je garderai un œil sur ses sorties dorénavant. Peut être il était moins ouvertement dansant que Alden Tyrell, plutôt hypnotique et déroutant, toutefois il gardait un emprise indéniable sur le dancefloor. Sa musique nécessitait plus qu’une écoute sommaire mais alors j’étais vidé d’énergie et j’ai regagné les sièges rouges.
Voilà tout pour cette soirée, rappelez-vous que personne ne fait de la synthdisco comme les finlandais.
This should not have happened. I completely forgot that both the Fiasco System and Chiennes Hi-Fi nights were on the same weekend. There was no way I was going to drop one out of my clubbing schedule. I had to go to both and nothing would stop me, not even myself.
Fiasco System is organised by a masked deejay called Eva Revox (
click here for a review of the previous Fiasco System with Modeselektor et al). This time round it was Dexter, Alden Tyrell and La Veuve Electro who provided the live electronics. Eva Revox played out some fine records (notable mention: “Paris Hilton” by Mu) though the mixing was a little rough. The crowd was your typical Triptyque lot, too many vacuous and fucking clueless fashionistas with Parisian Hoxton fins and asymmetric fringes galore. Thankfully, the music largely offset the dreary punters.
Machines and keyboards, some covered ominously with a white cloth, filled the stage. The roses attached to the microphone looked as if they were growing from it. A dark figure covered by an embroidered veil emerged from behind the projection screen, and it soon became apparent that it was a man. La Veuve Electro had arrived. His sound is a rather idiosyncratic form of hi-camp gothtech. The vocals, drowned in swelling effects, glide over the harsh sounding buzz saw synths and tough beats like some forsaken ghouls. The only times when he makes himself intelligible is to ask if someone wanted to check his ‘packet’ and whether anyone claimed his ass. A strong point of his show was that you could see how he controlled the performance at the turn of knob or at the glide of his finger on an effects pad – it really felt live. You also have to give it to the guy, he had stage presence to boot. In the twenty or so photos I took of him, his facial expression didn’t change one bit. What I wasn’t so hot on was the, at various points, rather ostensible use of effects.
Those machines covered up in the white cloth were reserved for the Clone gang. Alden Tyrell (Clone) took off straight after La Veuve Electro. Despite a couple of bass line arpeggiations that overloaded the speakers a little (but hey we like it crunchy), his set was arguably the pinnacle of the night. I came to see him specifically and I was not disappointed. Furthermore, the man put me in a good mood even though he and his acolytes were bastard hard to photograph. “Love Explosion” and his Parallax Corp. remix of Jolly Music’s “Radio Jolly” were the instantly recognisable. I can’t believe that he wrote the first as joke to I-F and that the second still sounds so bombastic and just damn synthetic. I think I also recognised ‘Disco Lunar’, ‘Knockers’ and ‘Welcome to Rimimi’. However to tell you the truth, now it all melts together into an image of being driven fast in a spacious sports car with a GT denomination by a mysterious woman on a deserted three lane motorway to nowhere and the night lights skimming over the surface of windscreen in widescreen.
What is most fascinating is that the man who evokes this glamorama image in my head was wearing a loose t-shirt and had some fine dreadlocks instead of a pretentious hairdo. Along with him, there was the cute vocoder muse (though I feel she was also more than just that) and Dexter lending a hand now and again.
Dexter (Klakson), with only an i-book and plug-in keyboard, gave in my opinion one of the best machine sets I’ve heard in quite some time and I’ll certainly be watching out for his releases in the future. May be less overtly disco than Alden Tyrell he was trippier but still retained a full dancefloor smack, no compromise in that respect. Sadly, though his stuff deserved more than just a cursory listen and shuffle, I was a little worn out, funny how trials and tribulations can still get to you even when you’re having fun.
So that was it for the Fiasco night, no one makes synthdisco like the Finnish.
Chiennes Hi Fi: Electrocute, Chloe, Putafranges
Je m’approchais du vestiaire quand le mec derrière le comptoir me regarda avec un sourire surpris et me salua, « Re-bonsoir ». Une autre soirée, une autre nuit. Chiennes Hi Fi est une soirée indispensable ‘d’electro au féminin’ organisée par les Putafranges (je crois) - un collectif de dj’s. La foule avait reçu une dose revitalisante de gays, lesbiennes et de teenyboppers qui gardaient leurs pouces dans leurs bouches tout en dansant.
La Putafrange pour cette nuit là joua un warm up superbe. D’accord, elle laissa tomber la cellule mais sa sélection était une promenade dans un bois obscur et mystérieux où l’on voulait se perdre. Ce sentiment de désorientation volontaire est ce qui désigne pour moi un bon dj set. (En fait c’est peut être elle qui a joué Paris Hilton du Mu, ou la face B ‘We Love Boys Called Luke’ qui me rappelle d’une histoire triste).
La scène était débarrassée des machines de la soirée antérieure pour faire de la place pour Electrocute. En arrivant, Nicole alla brancher sa Fender Mustang aquamarine pendant que Holly ranimait son synthé.
Elles ont joué pour toutes les humeurs et toutes les saisons ; combinant des guitares en vrille et des synthés visqueux sous des rafales de paroles et refrains puériles et lubriques à souhait mais tendres aussi. Nicole modifia sa voix pour s’adresser à tout le monde, changeant son ton et adoptant un faux accent parisien, elle ressemblait une transsexuelle de salon. Quand ses doigts n’en pouvaient plus de martyriser son clavier monophonique, Holly jouait avec sa langue. Pour certaines chansons, elles abandonnaient leurs instruments et se laissaient aller sur les pistes pré enregistrées. Elles balançaient des routines de danse, la foule en raffolait. Les bras remuaient autant que les chevilles et les filles sur scène poussait le délire autant que les gens sur le dancefloor. Il n’y avait plus de temps pour rester beau, tout le monde voulait se souiller et se souler sur des doses héroïques d’electro-rock. Holly et Nicole s’en prirent aux spectateurs à plusieurs reprises. Holly se servait de sa ceinture pendant que Nicole lançait de l’eau et distribuait de l’alcool dur aux premières lignes. Vêtues d’uniformes blancs et verts customisés, elles n’hésitaient à courir dans la foule, gravir les enceintes ou la console du dj…c’était impensable de rester impaisible devant leur talent indéniable et ce fracas glorieux.
Quand elles sont parties, une boucle vocale énonçait sinistrement leur nom jusqu'à ce que le mot perdit son sens terrifiant (j’ai inséré une paire de ciseaux dans une prise quand j’avais sept ans) et devenait un amalgame ‘d’Electro’ et ‘cute’. Mouillé, battu, lacéré et usé, j’ai regagné les sièges rouges pour visionner les photos que j’avais prises.
Chloé prit alors contrôle du crossfader et des platines qu’Electrocute avaient dansé sur avec autant de plaisir. Elle portait un polo Fred Perry et affichait une coupe subtile. Comme avec Alden Tyrell ne vous fiez pas aux apparences.
Le set de Choé était comme manger du « turrón de yema » (un dessert d’origine espagnole). Le plaisir n’était pas immédiat mais plutôt précédé par un sentiment d’anticipation et de mystère. Des cowbell-folies coulaient dans des synthés stratosphériques avec une aisance inouïe. La foule se sentait guidée vers un mouvement inexorable et grandissant - un assaut des sens et de la colonne vertébrale
Peut être, c’était un peu trop dur à la fin, mais j’ai rarement dansé autant et dans ma tête vide je me rappellais de ce que Nine avait dit dans son fanzine : « Ne pas craindre ta sueur ni la sueur de ton prochain ».
As I approached the cloakroom, the guy behind the desk gave me a bemused smirk and said: “Re-bonsoir”. Another night, same place, thankfully a different crowd. Chiennes Hi Fi* is an indispensable female electro night run by the damn dependable Putafranges* (I presume). The crowd this time round had received a much welcome dose of bisexuals, lesbians, gays and dummied teenyboppers. That helped to make this night a bomb.
The Putafrange for the night (Benedicte) played a brilliant warm up set. Ok, she dropped the needle at one point but her selection was a ride into the pleasurably obscure and subtle and that for me is what separates the wheat from the chaff. (Actually she may have played Mu’s ‘Paris Hilton’ too… or may be the B-Side ‘We Love Boys Called Luke’ which reminds me of a sad story…oh dear)
The machines from the previous night had been cleared away to make way for the arrival of the rowdy Berlin duo: Electrocute. Nicole went over to plug in her aquamarine Mustang electric whilst Holly coaxed her bass synth and sampler into life.
They played for all moods and seasons; laying down woozy guitars and squiggle synths under rapid-fire verse-choruses of mischief, lust but tenderness too. Nicole pitch-shifted her voice and affected a Parisian accent to greet the punters, sounding like a chic she-male. When her fingers got tired, Holly played the keyboard with her tongue whilst triggering crazy shapes from the sampler pads. For some songs, they would ditch their instruments altogether, glide over playback and start up some impromptu dance routines. Arms swung as much as hips and the stars on stage thrashed and lashed as much as the crowd in front. There was little time for posing around. The girls reprimanded the crowd on several occasions and when that wasn’t enough Holly unclasped her belt and began whipping the frontlines. Decked out in green and white customised uniforms, standing over monitor speakers and turntables, pushing each other around, running into the crowd as far as the microphone cables would let them… it was impossible not to be won over by their musical prowess and onstage fracas.
When they left, an eerie vocal loop uttering the band’s name was left on until the word lost its terrifying import (I inserted a pair scissors into an unearthed plug when I was 7) and became and amalgam of ‘Electro’ and ‘cute’. Sprayed, whipped, beaten and used, I retreated to some comfortable seating to review the photographs I had taken that night.
Next up, Chloe took over the turntables that Electrocute had been standing over with so much glee. She was wearing a Fred Perry polo-neck and sported a low-key hair do. Like with Alden Tyrell, don’t allow yourself to be deceived by appearance, I thoroughly approve her demure attire.
Chloe’s set was like eating “turrón de yema” (a delicacy of Spanish origin). Namely, enjoyment was not immediately forthcoming but rather preceded by an engaging sense of mystery and anticipation. Cowbell frenzies melted into stratospheric chords with crossfader ease. The dancefloor found itself in an inexorable shuffle, swelling as the night wore on to a full body popping assault of lock-grooves and slipped discs. People jived and dry-humped speaker stacks or each other.
May be it all got a little too harsh at the end, but I’ve rarely danced so much and in my empty mind and all I could think about was what Nine had said in her fanzine: “Ne pas craindre ta sueur ni la sueur de ton prochain”*.
*’Chiennes Hi Fi’ = Hi Fi Bitches, a play on words on Chaînes Hi Fi (Hi Fi Set)
*’Putafrange’, roughly translates as “whore-with-a-fringe”
* rougly translates as “Do not dread your own or anyone else’s sweat” – Nine, “Rock This Way” 2004
Epilog
9th Jan – 6.00 a.m
Dehors il ne faisait plus froid. J’étais toujours sous l’emprise de la nuit même l’aube inévitable était près. Je me suis éloigné du Triptyque, en traversant la rue et passant par devant un hôtel. « Attend, vaut mieux que je regarde leurs prix », je me suis dit. Après avoir consulté leur liste, j’allais partir mais quelque chose à rencontré ma vue.
Holly était assise toute seule dans les tons funestes de la réception de l’hôtel. Le réceptionniste barbu regardait les murs. Cette scène aurait pu être tirée de Lost In Translation, realisée par David Lynch et peinte par Edward Hopper. C’était quelque chose de si cinématique, que je restais là hypnotisé. J’avais mon appareil photo en main, mais je n’ai pas pris une seule photo. Ce que j’ai fait c’est lui faire signe que je voulais lui montrer les photos de leur concert. Holly acquiesça et demanda au réceptionniste de me laisser entrer. Je franchis le seuil des portes coulissantes, elles s’ouvrirent et se refermèrent après moi. J’étais là en train de regarder le feuillage de rêve des plantes en plastique, j’étais maintenant dans le cadre.
Dès les premières photos Holly devint très excité, exprimant son appréciation et me faisant promettre que j’allais leur envoyer des copies. Nous regagnâmes des sièges plus moelleux avec quelques bières. Après avoir échangé de versions feuilleton de nos vies, Holly me parla de quelques amis que j’avais vu en concert au cours de ces derniers mois : Tok Tok, Soffy O et Cobra Killer. Ensuite nous avons parlé de l’art délicat de jouer sur du playback, l’apprentissage de langues européenes, pourquoi les Chicks On Speed avaient merdé et finalement sur les synthés.
J’ai mentionné ma brève flirtation avec un Korg MS 2000 que j’ai du quitter parce que je mourrais de faim. Holly avoua son premier amour avec un Juno 106 et parla avec affection du son des DCO. Elle avait aussi un sampleur et un Novation Bass Station. Ce dernier avait une touche qui ne marchait pas à cause d’un mec de PR aux doigts faciles. Nous parlâmes et fumâmes pendant un certain temps, avant que je ne rentre chez moi.
Après avoir franchi les barrières du Métro, j’ai vu un groupe de personnes en uniforme autour d’un corps inerte allongé par terre. L’une d’elles s’était agenouillé et examinait la tête. Une autre se tenait à l’écart et remplissait machinalement un formulaire. J’avançais vers la plateforme.
Quand le train était sorti du tunnel, le soleil blanchâtre remplissait brutalement le matin frais.
Outside, it wasn’t cold, merely chilly. I was still under the spell of the night and the impending morning hadn’t dawned yet. I walked away from the Triptyque, crossed a street and passed a hotel. ‘Hang on, better check out their prices’, I told myself. After having perused their room rates, I walked away but someone inside had unwittingly caught my departing gaze. I hastily retraced my steps to look through the glass.
Holly from Electrocute was sitting alone in the lifeless shades of the hotel lobby. The bearded receptionist was looking at the empty walls beyond his desk. The scene could have been taken from Lost In Translation, directed by David Lynch and painted by Edward Hopper. It was so cinematic that I stood there struck by its imperturbable nature. I was holding my camera at the time, but I didn’t take a picture. Instead, I got her attention by pointing at it to display my intention to show her the photos of their gig. Holly motioned me to come in. I moved through the glass doors. They opened and then shut. I stood there, looking at the fake foliage of the plastic flora on my left. Now I was inside the scene.
From the first few shots in the preview screen, Holly became visibly excited, soon expressing her approval and asking me if I could send them to her and Nicole. We moved to some plush seating further back and Holly ordered a couple of beers. After exchanging novella versions of our lives, we talked about some of their good friends like Tok Tok, Soffy O and Cobra Killer. Then about the fine art of performing to playback, learning European languages, her detestation of Chicks on Speed and finally about synths.
I mentioned my brief fling with a Korg MS 2000 whom I’d had to leave because sadly you can’t eat silicon forever. Holly told me about her first love with a Juno 106 and spoke fondly of the DCO sound. She also had a sampler and a Novation Bass Station. The latter apparently had a broken key, which had been fixed to great expense and then broken again by a PR exec with a stray finger. We talked, drank and smoked for some time. Then Holly patted my head and bid me farewell…
As I passed the metro ticket gates with a thud and clunk, I saw some paramedics presiding over an inert body lying there on the floor. One of them was knelt down next to the head, another one stood apart filling in a form. I walked on towards the metro platform.
By the time the metro emerged from the underground, the sun was glaring through a nippy winter morning.